Parc national des volcans (Rwanda)
13 Juillet 2012
Joyeux anniversaire: 50 ans
13 juillet
Et voilà, aujourd'hui, vendredi 13, voici exactement 50 ans que je suis né un... vendredi 13. Comme à Bali, il y a deux ans, jour pour jour, nous nous levons tôt pour nous lancer à l'assaut d'un volcan. Cette fois, pas pour admirer le lever du soleil mais pour suivre, dans son univers, l'un des plus étonnant animal qui soit: le gorille.
Danseurs Intore
Nous désespérions de pouvoir applaudir les fameux danseurs Intore. A peine arrivés au point de ralliement pour la visite des gorilles qu'une troupe de musiciens et danseurs prennent possession de la place. La musique et la danse jouent un rôle important dans les traditions de la culture rwandaise. Les Rwandais ont une variété de musiques et de danses qui célèbrent l'excellence et le courage. Leurs chansons sont pleines d'humour ou racontent la chasse. La plupart des danses de cérémonie sont accompagnées par un orchestre de 7 à 9 tambours qui produit une explosion de rythmes.
Créée il y a plusieurs siècles, les Intore ( les élus ) se produisaient autrefois en exclusivité pour le roi.
Le volcan
Le responsable des guides répartit les nombreux visiteurs en groupes de huit et nous indique nos guides. Ceux-ci nous expliquent le protocole. Chaque groupe de gorilles "reçoit" au maximum une visite par jour. La durée de la visite est fixée à 1 heure pour éviter que les gorilles ne soient trop longtemps exposés à nos microbes ainsi que pour minimiser le stress.
En jeep, nous montons, accompagné du guide, jusqu'au parking, à une altitude d'environ 2500m. Il faut passer par une piste abominable. Des rochers affleurent de tous côtés, je ne sais même plus où poser les roues. La voiture est vraiment exceptionnelle. A partir de cet endroit, c'est à pied que l'on monte tout d'abord à travers champs jusqu'au mur qui fait office de frontière entre le territoire des gorilles et les terres des paysans avoisinantes. Le mur permet aussi de protéger les cultures des buffles qui mangeraient et détruiraient toutes les cultures. Sur le mur, sont disposées des ruches. Nous sommes huit touristes dans le groupe mais accompagnés de deux guides et d’un traqueur armé en raison des animaux sauvages comme les éléphants et les buffles qui pourraient charger. Peut-être y a-t-il une autre raison car en cette période, les rebelles sont de l'autre côté de la montagne, au Congo.
Lors de l'ascension du Bisoke, on passe dans une forêt d'Hagenia et d'Hypericum. Le paysage, derrière nous, est à couper le souffle et de toutes les forêts tropicales primaires que nous avons traversées, celle-ci est la plus belle. Nous nous déplaçons entre les lianes suspendues, au milieu des hagenias couverts de mousse et entre les lobélies géantes qui foisonnent sous ce climat tropical. La seule épine sur notre chemin, ce sont les orties qui sont énormes et qui nous agressent même au travers de nos vêtements.
Après une dizaine de minutes, nous rencontrons d'autres traqueurs. Ceux-ci sont partis avant nous en repérage. Ils ont débusqué les gorilles et nous sommes invités à les suivre après avoir laissé nos sacs et bâtons. Ils nous tracent un chemin à coups de machette. Régulièrement, nous entendons un grognement, signe que nous sommes proches.
Les gorilles
Tout à coup, au détour du chemin, une énorme masse nous surplombe. C'est Charles, le mâle dominant de la troupe, le dos recouvert de poils argentés. Le silence se fait, chacun retient son souffle et nos pas se font plus précis. Un peu plus loin, une femelle et son petit accompagnés d'un jeune se nourrissent en nous tournant le dos. Curieusement, ils semblent nous snober. Les appareils photos mitraillent la scène qui n'est que de courte durée car toute la petite troupe de gorilles a terminé son repas et décide de se trouver un bon endroit de sieste. Une poursuite mémorable s'engage. Les gorilles se déplacent dans la forêt dense comme des anguilles. C'est loin d'être notre cas. Les traqueurs se débattent avec les branches, on se plie en quatre pour passer dans les petites percées. Le sol est instable et la terre meuble se dérobe sous nos pas. On glisse, on se rattrape à ce qu'on peut et qui semble résister à notre traction mais pas toujours. Soudain, les gorilles s'arrêtent, ils sont proches. On respire, on sort l'appareil photo mais coquins, ils filent sous les feuilles, descendent une pente abrupte et en quelques secondes, on les voit disparaître sous la végétation dans la montée opposée. C'est reparti pour une folle poursuite. Finalement, après plus d'une heure de cache-cache, Charles s'arrête sous une hutte naturelle, nous laisse admirer sa splendide musculature et après quelques minutes, fait mine de partir. De nouveau, les gars à la machette se précipitent pour dégager le passage mais, soudain, le gorille de 200 kilos fait volte-face, se dresse sur ses pattes antérieures, charge en hurlant. Nos deux téméraires font vite marche arrière tandis que nous qui étions déjà prêts à suivre, nous faisons tout petits. Charles se couche alors sur le dos, dans le chemin que nous devons emprunter. Esquisse-t-il un sourire ironique lorsqu'il nous regarde? Nous ne bougeons plus et après quelques minutes, c'est l'enchantement, toute la petite famille se regroupe. Un jeune mâle fait le singe dans un arbre, une femelle arrive avec son bébé sur le dos, un autre jeune joue avec les lianes, le deuxième mâle adulte est derrière nous. Génial! Nous en profitons pleinement et apprécions ce merveilleux moment. Finalement, Charles et sa petite troupe s'en vont. Nous avons passé plus de deux heures en leur compagnie. Sur le chemin du retour, No-problem (c'est le nom d'un gorille qui a adopté les touristes) nous attend, couché sur le dos, souriant pour les photos. Nous sommes à 50 centimètres de lui. Extraordinaire. On se repassera "Gorilles dans la brume" de Michael Apted ou mieux, on relira le récit autobiographique de Dian Fossey.